La cordillère des Andes… D'une longueur d'environ 8000 kilomètres, elle s'étend du Venezuela jusqu'au sud du Chili. D'un climat humide le long de la Colombie à l'Equateur, plus vous descendez vers le sud et plus le climat s'assèche. Route mythique empruntée par de nombreux cyclistes, route difficile aussi pour sa succession de hauts sommets, déserts, canyons, pistes et la diversité des climats rencontrés, voici le récit de ma traversée en plein hiver de la fameuse chaîne de montagnes andines.
La période à laquelle je me retrouvai à parcourir la cordillère est donc peu propice à une descente vers le sud; jugeront bon nombre de cyclistes chevronnés… En effet, la pluie, le vent, la neige parfois, mais aussi le froid à haute altitude conjugué à l'humidité représentent autant de facteurs accentuant la difficulté d'une route qui a déjà la réputation d'être dure! Malgré ces inconvénients, ce n'est pas la première fois que je me retrouve à pédaler sous de telles conditions. Après tout… quand je parcourais les Balkans en cette fin d'année 2009, de la Slovénie à la Turquie, l'hiver et moi avions dû faire ce petit bout de chemin ensemble et de cette traversée, j'ai acquis certains automatismes et accumulé de la confiance aussi puisque je suis passé malgré certains bivouacs à -20 à installer mon campement sur la neige, malgré des kilomètres sur les routes enneigées en Croatie ou encore en Grèce et en Turquie… malgré le froid et les températures négatives aussi. Réitérer l'expérience est toujours plus facile que se lancer pour la première fois!

La période à laquelle je me retrouvai à parcourir la cordillère est donc peu propice à une descente vers le sud; jugeront bon nombre de cyclistes chevronnés… En effet, la pluie, le vent, la neige parfois, mais aussi le froid à haute altitude conjugué à l'humidité représentent autant de facteurs accentuant la difficulté d'une route qui a déjà la réputation d'être dure! Malgré ces inconvénients, ce n'est pas la première fois que je me retrouve à pédaler sous de telles conditions. Après tout… quand je parcourais les Balkans en cette fin d'année 2009, de la Slovénie à la Turquie, l'hiver et moi avions dû faire ce petit bout de chemin ensemble et de cette traversée, j'ai acquis certains automatismes et accumulé de la confiance aussi puisque je suis passé malgré certains bivouacs à -20 à installer mon campement sur la neige, malgré des kilomètres sur les routes enneigées en Croatie ou encore en Grèce et en Turquie… malgré le froid et les températures négatives aussi. Réitérer l'expérience est toujours plus facile que se lancer pour la première fois!
Nous sommes le jeudi 3 mai et c'est sous un temps maussade que se passe mon départ de la capitale équatorienne Quito "la mitad del mundo". Deux heures seront nécessaires pour m'extraire de la ville et rejoindre la E35 faisant route vers le sud à travers la cordillère. Je suis parti de bonne heure ayant remarqué qu'il ne pleut que rarement avant la mi-journée. Passer ce moment, il convient de progresser avec précaution en essayant d'anticiper une éventuelle pluie afin de la subir le moins possible pour pouvoir terminer la journée avec des vêtements secs; un impératif afin de ne pas prendre le risque de tomber malade. Ainsi, ce jour même je me faufilai tant bien que mal entre les averses quand je me laissai surprendre par la grêle au milieu de nulle-part. Pour ces cas d'urgences où il n'y a aucune possibilité de refuge à l'horizon, je garde volontairement sous la main ma toile de tente extérieure, prête à couvrir mon vélo et moi-même, attendant que l'averse passe.
L'axe Quito-Ambato, d'une longueur d'environ 200 kilomètres, me paraît être une route commerciale majeure du pays, comme en témoigne la 4 voies et le trafic assez conséquent qui en découle sur cette portion de la panaméricaine. Une fois Riobamba traversé en revanche, et l'aventure campestre peut enfin débuter. Traversant une multitude de villages peuplés de communautés indigènes vivant pour la plupart de l'élevage, l'artisanat et l'agriculture; la E35, aussi appelée "Troncal de la Sierra" est une paisible route de montagne andine qui à peine sorti de Riobamba, commence à s'élever… à s'élever si haut que je me retrouvai bien rapidement sous une brume épaisse. Dans ces conditions, impossible de ne pas se mouiller, d'autant plus que nous sommes toujours sous l'influence de la saison des pluies, qui ne me quittera pas pendant l'intégralité de mon parcours équatorien. Heureusement, je me trouve toujours sous les tropiques et les températures restent relativement agréables malgré l'altitude et l'humidité. Les éclaircies demeurent suffisamment nombreuses, les possibilités d'abris également et les invitations à me réfugier sous un avant toit en cas de fortes pluies font que je parviens sans grandes difficultés à progresser et à terminer la journée au sec.
L'axe Quito-Ambato, d'une longueur d'environ 200 kilomètres, me paraît être une route commerciale majeure du pays, comme en témoigne la 4 voies et le trafic assez conséquent qui en découle sur cette portion de la panaméricaine. Une fois Riobamba traversé en revanche, et l'aventure campestre peut enfin débuter. Traversant une multitude de villages peuplés de communautés indigènes vivant pour la plupart de l'élevage, l'artisanat et l'agriculture; la E35, aussi appelée "Troncal de la Sierra" est une paisible route de montagne andine qui à peine sorti de Riobamba, commence à s'élever… à s'élever si haut que je me retrouvai bien rapidement sous une brume épaisse. Dans ces conditions, impossible de ne pas se mouiller, d'autant plus que nous sommes toujours sous l'influence de la saison des pluies, qui ne me quittera pas pendant l'intégralité de mon parcours équatorien. Heureusement, je me trouve toujours sous les tropiques et les températures restent relativement agréables malgré l'altitude et l'humidité. Les éclaircies demeurent suffisamment nombreuses, les possibilités d'abris également et les invitations à me réfugier sous un avant toit en cas de fortes pluies font que je parviens sans grandes difficultés à progresser et à terminer la journée au sec.
Les journées se succèdent et se ressemblent. Au niveau du profil des étapes: On monte puis on redescend pour tout remonter derrière encore une fois et on recommence encore et encore. Ainsi, ce ne sont pas moins de 16 cols que je franchirai en l'espace d'une semaine. Heureusement, malgré la montagne les routes sont impeccables, les paysages spectaculaires...quand les Andes se laissent dévoiler car il est aussi fréquent de se retrouver sous un épais brouillard et de ne rien voir à plus de quelques mètres. Il faut aussi être patient et ne pas hésiter à s'arrêter pour regarder la pluie tomber pendant quelques heures, ce qui arrivera quasi quotidiennement. Traversant surtout des zones isolées, par ce mauvais temps, il n'y a pas grand monde dehors mis à part moi-même et quelques bergers qui me tiendront compagnie plus d'une fois. Cette météo peu favorable me force également à être plus rigoureux sur l'entretien de mon vélo et quand il ne pleut pas, le vent me contraint souvent à rouler à bas régime afin de transpirer le moins possible et ne pas ainsi terminer la journée avec des vêtements humides. En chemin, les champs de quinoa, d'orges, de pommes de terre ou encore de blé complètent les vastes prairies où les élevages de moutons, chèvres ou lama paissent.
Pour dormir sous des températures clémentes, j'apporte une attention particulière à essayer de bivouaquer le plus possible en milieu d'ascension. Je m'explique: camper à proximité d'un sommet signifie débuter le jour suivant par une longue descente au moment où les températures sont les plus froides pour ensuite plonger dans la brume et signifie aussi dormir sous le froid. Il y a en plus le vent à prendre en compte qui complique le démontage de la tente et me force même parfois à pédaler dans les descentes! Installer son campement au pied du prochain col à basse altitude peut donc sembler intéressant, cependant il y fera sans doute aussi froid qu'à un sommet de nuit comme au petit matin car le froid descend et la brume viendra à coup sûr s'installer… loin d'être agréable pour commencer la journée suivante. L'idéal est donc de se renseigner souvent sur le profil à suivre auprès des populations locales afin d'essayer de trouver cette zone de campement idéale. Quand on la trouve, au réveil, la vue est magnifique et puis pour chauffer les muscles, rien de tel qu'une bonne ascension au réveil! Pendant cette ascension, les températures auront le temps de monter petit à petit et la descente sera plus supportable, la brume aura également le temps de se dissiper, rendant la journée plus agréable. Les enfants m'impressionnent car ce sont souvent eux qui me fournissent les informations les plus exactes, amusant! il faut dire que les adultes utilisent plus la voiture que le vélo, peut-être est-ce pour cela…
Pour dormir sous des températures clémentes, j'apporte une attention particulière à essayer de bivouaquer le plus possible en milieu d'ascension. Je m'explique: camper à proximité d'un sommet signifie débuter le jour suivant par une longue descente au moment où les températures sont les plus froides pour ensuite plonger dans la brume et signifie aussi dormir sous le froid. Il y a en plus le vent à prendre en compte qui complique le démontage de la tente et me force même parfois à pédaler dans les descentes! Installer son campement au pied du prochain col à basse altitude peut donc sembler intéressant, cependant il y fera sans doute aussi froid qu'à un sommet de nuit comme au petit matin car le froid descend et la brume viendra à coup sûr s'installer… loin d'être agréable pour commencer la journée suivante. L'idéal est donc de se renseigner souvent sur le profil à suivre auprès des populations locales afin d'essayer de trouver cette zone de campement idéale. Quand on la trouve, au réveil, la vue est magnifique et puis pour chauffer les muscles, rien de tel qu'une bonne ascension au réveil! Pendant cette ascension, les températures auront le temps de monter petit à petit et la descente sera plus supportable, la brume aura également le temps de se dissiper, rendant la journée plus agréable. Les enfants m'impressionnent car ce sont souvent eux qui me fournissent les informations les plus exactes, amusant! il faut dire que les adultes utilisent plus la voiture que le vélo, peut-être est-ce pour cela…
Au vendredi 11 mai en début d'après-midi, je passe la frontière et effectue mes premiers tours de roues au Pérou, l'un des pays les plus durs qu'il m'ait été donné l'occasion de traverser. Enchaînement successif de zones très reculées, pistes ou routes très étroites et en mauvais état par endroit, dénivelé difficile et ascensions de 2 ou 3 jours, mauvaises météo m'obligeant à pousser le vélo plus souvent que je pédale parfois sur des routes en travaux avec de la boue jusqu'aux chevilles, descentes techniques sous un épais brouillard, des cols à 4700 mètres à passer… voilà de quoi décourager plus d'un cycliste!
Pour atteindre le poste frontière de Macara, j'ai perdu énormément d'altitude après une longue descente d'environ 40 kilomètres au sortir du village de Catacocha situé en Équateur. Au fur et à mesure de la descente, la végétation luxuriante laisse peu à peu place à une plaine très aride, les cours d'eau sont à secs cependant quelques chèvres vagabondent librement un peu partout en recherche de nourriture. Trois options très distinctes se présentent une fois atteint la première ville péruvienne de Tambo Grande: vers l'ouest se trouve la panaméricaine qui suit la côte sur des milliers de kilomètres et qui n'est en fait qu'un grand désert. En passant par le centre du pays, située à 200 kilomètres de la côte pacifique environ, se trouve la cordillère avec ses hauts sommets. L'ouest du pays quant à lui, est occupé par la forêt amazonienne. Comme je le dis souvent, aucune route n'est facile à vélo et chacune présente ses avantages et inconvénients. Bien que les équatoriens me conseillèrent quasiment à l'unanimité de suivre la panaméricaine qui est toute plate, ils ne se rendent pas compte en voiture du facteur important que constitue le sens du vent, défavorable dans la partie péruvienne. De plus, traverser un désert n'est jamais facile et nécessite toujours de s'autodiscipliner afin de trouver un point de ravitaillement tous les jours. Passer par la cordillère durant cette période de l'année englobe les difficultés que je vous ai énumérées auparavant. Dans la jungle amazonienne, il faut évoluer sous la chaleur et l'humidité. Les pistes sont nombreuses et la pluie les rendra par moment quasiment impraticables. Il y a aussi toute la faune présente dans cette partie du globe: insectes peu commodes, serpents parfois venimeux ou autres "gros chats" comme les pumas ou les jaguars que l'on croise dès que l'on commence à s'éloigner un peu des sentiers battus.
La jungle, je me l'interdis pour le moment car ma tente a déjà trop souffert des outrages du temps et la moustiquaire ne ferme plus depuis ma traversée du Nicaragua. Les moustiques se régaleraient, accentuant les risques de contracter le paludisme ou la dengue et il serait préférable par conséquent de réinvestir dans une tente neuve qui ferme bien afin de diminuer les risques de contracter ces maladies avant de s'aventurer là-bas. Je pense plutôt aller y faire un tour dans sa partie brésilienne au cours de ma remontée du continent. J'ai même rencontré un cycliste brésilien de Sao Paulo au Honduras chez qui il sera possible de laisser une partie de mon matériel hivernal afin de m'y aventurer tout en ayant une monture la plus légère possible. Une expédition dans la jungle, je vois un peu cela comme traverser un désert et c'est une zone géographique particulière où il faut être rigoureux sur les préparatifs et la discipline. Naturellement attiré par les montagnes, j'étais déjà décidé à poursuivre mon parcours sur la cordillère mais l'option du désert reste intéressante pour reposer les jambes des hauts sommets, d'autant plus que rouler sur des pistes est toujours plus exigeant que l'asphalte.
Pour atteindre le poste frontière de Macara, j'ai perdu énormément d'altitude après une longue descente d'environ 40 kilomètres au sortir du village de Catacocha situé en Équateur. Au fur et à mesure de la descente, la végétation luxuriante laisse peu à peu place à une plaine très aride, les cours d'eau sont à secs cependant quelques chèvres vagabondent librement un peu partout en recherche de nourriture. Trois options très distinctes se présentent une fois atteint la première ville péruvienne de Tambo Grande: vers l'ouest se trouve la panaméricaine qui suit la côte sur des milliers de kilomètres et qui n'est en fait qu'un grand désert. En passant par le centre du pays, située à 200 kilomètres de la côte pacifique environ, se trouve la cordillère avec ses hauts sommets. L'ouest du pays quant à lui, est occupé par la forêt amazonienne. Comme je le dis souvent, aucune route n'est facile à vélo et chacune présente ses avantages et inconvénients. Bien que les équatoriens me conseillèrent quasiment à l'unanimité de suivre la panaméricaine qui est toute plate, ils ne se rendent pas compte en voiture du facteur important que constitue le sens du vent, défavorable dans la partie péruvienne. De plus, traverser un désert n'est jamais facile et nécessite toujours de s'autodiscipliner afin de trouver un point de ravitaillement tous les jours. Passer par la cordillère durant cette période de l'année englobe les difficultés que je vous ai énumérées auparavant. Dans la jungle amazonienne, il faut évoluer sous la chaleur et l'humidité. Les pistes sont nombreuses et la pluie les rendra par moment quasiment impraticables. Il y a aussi toute la faune présente dans cette partie du globe: insectes peu commodes, serpents parfois venimeux ou autres "gros chats" comme les pumas ou les jaguars que l'on croise dès que l'on commence à s'éloigner un peu des sentiers battus.
La jungle, je me l'interdis pour le moment car ma tente a déjà trop souffert des outrages du temps et la moustiquaire ne ferme plus depuis ma traversée du Nicaragua. Les moustiques se régaleraient, accentuant les risques de contracter le paludisme ou la dengue et il serait préférable par conséquent de réinvestir dans une tente neuve qui ferme bien afin de diminuer les risques de contracter ces maladies avant de s'aventurer là-bas. Je pense plutôt aller y faire un tour dans sa partie brésilienne au cours de ma remontée du continent. J'ai même rencontré un cycliste brésilien de Sao Paulo au Honduras chez qui il sera possible de laisser une partie de mon matériel hivernal afin de m'y aventurer tout en ayant une monture la plus légère possible. Une expédition dans la jungle, je vois un peu cela comme traverser un désert et c'est une zone géographique particulière où il faut être rigoureux sur les préparatifs et la discipline. Naturellement attiré par les montagnes, j'étais déjà décidé à poursuivre mon parcours sur la cordillère mais l'option du désert reste intéressante pour reposer les jambes des hauts sommets, d'autant plus que rouler sur des pistes est toujours plus exigeant que l'asphalte.
C'est donc sans réfléchir que je poursuis ma route en sortie de Tambo Grande en direction de Huacabamba. La route traverse une grande plaine durant les premiers 200 kilomètres et la chaleur et l'humidité règnent ici. Plantations de bananiers, maïs, riz, mangue, citron ou encore manioc bordent la route. Le samedi 12 mai en milieu d'après-midi, j'arrive au hameau de La Alberca et repère un petit parc en face de l'église du village qui ferait un bon campement. Il fait beau ce jour là et il y a du monde dehors, aussi je demande l'autorisation (que l'on m'accorde aussitôt) et commence à m'installer. Rapidement les enfants me rejoignent bientôt suivi des parents qui m'invitèrent rapidement à participer aux festivités du soir: c'est la fête des mères ici et une animation est prévue. Segundo, un grand-père me prend rapidement en sympathie et m'invite même à venir prendre ma douche et le déjeuner chez lui. Je me sens tellement bien ici que j'y passerai tout le week end avant de reprendre la route.
Ayant repris des forces pour l'ascension à venir, je quitte mes nouveaux amis pour continuer ma route vers Canchaque puis Huacabamba où je récupérerai la 3N qui traverse tout le pays en suivant le tracé de la cordillère. L'ascension fait 60 kilomètres: je mettrai 3 jours avant de voir le sommet. Si les premiers kilomètres s'avalent facilement, la belle route toute neuve rétrécit rapidement pour ne plus faire qu'un mètre environ. L'asphalte laisse place petit à petit à une piste et je ne tardai pas à me retrouver plongé sous un épais brouillard. En chemin, je traverse de nombreuses rivières ce qui n'est pas très surprenant mais l'originalité au Pérou, c'est qu'il n'y a quasiment jamais de ponts: la route se retrouve ainsi coupée en deux par les cours d'eau et à chaque fois il faut se déchausser et pousser le vélo afin de les traverser malgré l'eau glacé. Par endroits, il y a tellement de boue que je me retrouve également à devoir pousser le vélo sur quelques kilomètres. S'en suit le rituel du nettoyage de mes baskets et de ma monture, après quoi je me retrouve en tongs malgré le froid. Dans chaque village traversé, les maisons sont plus que modestes. Peu de meubles, murs en adobe, on se chauffe et on cuisine au bois n'utilisant le gaz qu'en dernier recours. C'est à se demander où va tout l'argent de ce pays minier et à qui profite t-il? en tout cas, pas aux populations locales vu l'état des villages. Certains parmi eux ont vu l'électricité arriver il y a moins d'une décennie: sans doute pour y exploiter un nouveau filon et faire parvenir le courant jusqu'à la nouvelle mine. Quand les routes de hautes montagnes sont goudronnées, ce n'est pas pour désenclaver les villages mais plutôt pour faire passer les énormes convois de camions transportant le minerais brut jusque la côte où il est raffiné.
Si les pistes sont si nombreuses ici, c'est notamment pour leurs coûts élevés à entretenir à cause des importantes variations de températures régnant à de telles altitudes m'a t-on expliqué.
Ayant repris des forces pour l'ascension à venir, je quitte mes nouveaux amis pour continuer ma route vers Canchaque puis Huacabamba où je récupérerai la 3N qui traverse tout le pays en suivant le tracé de la cordillère. L'ascension fait 60 kilomètres: je mettrai 3 jours avant de voir le sommet. Si les premiers kilomètres s'avalent facilement, la belle route toute neuve rétrécit rapidement pour ne plus faire qu'un mètre environ. L'asphalte laisse place petit à petit à une piste et je ne tardai pas à me retrouver plongé sous un épais brouillard. En chemin, je traverse de nombreuses rivières ce qui n'est pas très surprenant mais l'originalité au Pérou, c'est qu'il n'y a quasiment jamais de ponts: la route se retrouve ainsi coupée en deux par les cours d'eau et à chaque fois il faut se déchausser et pousser le vélo afin de les traverser malgré l'eau glacé. Par endroits, il y a tellement de boue que je me retrouve également à devoir pousser le vélo sur quelques kilomètres. S'en suit le rituel du nettoyage de mes baskets et de ma monture, après quoi je me retrouve en tongs malgré le froid. Dans chaque village traversé, les maisons sont plus que modestes. Peu de meubles, murs en adobe, on se chauffe et on cuisine au bois n'utilisant le gaz qu'en dernier recours. C'est à se demander où va tout l'argent de ce pays minier et à qui profite t-il? en tout cas, pas aux populations locales vu l'état des villages. Certains parmi eux ont vu l'électricité arriver il y a moins d'une décennie: sans doute pour y exploiter un nouveau filon et faire parvenir le courant jusqu'à la nouvelle mine. Quand les routes de hautes montagnes sont goudronnées, ce n'est pas pour désenclaver les villages mais plutôt pour faire passer les énormes convois de camions transportant le minerais brut jusque la côte où il est raffiné.
Si les pistes sont si nombreuses ici, c'est notamment pour leurs coûts élevés à entretenir à cause des importantes variations de températures régnant à de telles altitudes m'a t-on expliqué.
Les Andes usent petit à petit mais malgré des conditions difficiles et une météo défavorable, les jours passent et je continue à progresser. D'un jour à l'autre, je récupère facilement. Je garde aussi un bon moral; surtout grâce aux populations locales et leur aide: quand je me ravitaille, on m'invite généralement soit à déjeuner soit à prendre un café ou encore à rentrer afin de me réchauffer, de me laver et aussi faire sécher mes vêtements. Et si l'on me fait payer l'intégralité de mes achats, je termine la plupart du temps avec le double de légumes et de fruits. Par conséquence, j'achète deux fois moins que de besoin afin de ne pas me surcharger. Cependant, après deux semaines passées à une altitude oscillant entre 3500 et 4300 mètres et environ un millier de kilomètres parcouru, la perspective d'une nouvelle piste de plus de 100 kilomètres finit par me décourager et je décide de rejoindre la côte au niveau de Trujillo afin de changer d'air et de récupérer des forces. Après une très longue descente de 120 kilomètres approximativement où le paysage s'assèche petit à petit, je traverse une dernière plaine bordée de champs de canne à sucre avant de rejoindre la côte et son désert. La panaméricaine est en excellent état: 4 voies mais au trafic très dense avec au moins une ville chaque 150 kilomètres. Si la matinée s'avère facile et que l'on peut aisément franchir la barre des 70 à 90 kilomètres, une fois le vent levé en revanche, c'est une autre affaire. Soufflant de trois quarts face durant cette période de l'année, il m'obligera à adopter plus de précautions à cause de ses rafales et à adopter un rythme plus tranquille l'après-midi afin de ne pas trop me fatiguer. Je vais ainsi parcourir pas moins de 600 kilomètres en 4 jours en me levant dès l'aube et en partant aux premières lueurs du jour afin de profiter au maximum de cette période favorable et continuer à rouler tranquillement en moulinant avec beaucoup de pauses dans l'après-midi. S'il y a bien quelques petites montées, elles s'avalent très facilement après un mois passé sur la cordillère.
Arrivé à hauteur de Chancay, j'ai bien récupéré aussi je quitte la panaméricaine afin de contourner Lima et bifurque en direction de Huaral pour réaliser une nouvelle ascension de 3 jours devant me faire passer du niveau de la mer à un peu plus de 4700 mètres d'altitude. Mais l'ascension attendra le jour suivant car c'était sans compter sur l'hospitalité du club cycliste de Huaral qui par l'intermédiaire de Carlos vont me trouver en 5 minutes un hébergement pour la nuit après un passage à l'atelier de Manuel pour y nettoyer ma monture. Cette ascension suit tout du long la rivière Chancay jusqu'à remonter à son lieu de naissance. Paysage lunaire, chutes de neige, gros vent et pistes sont de la partie au fur et à mesure que l'on se rapproche du sommet. Une fois passé de l'autre côté, à hauteur de Vicco, je récupère la 3S qui continue sa route à travers les Andes en suivant sur cette partie du parcours la rivière Mataro sur quelques centaines de kilomètres jusqu'à me mener vers un canyon à la piste très étroite encore une fois. Une fois sorti de là: 90% de la route restante est en bon état. Asphaltée, elle mène à la ville de Cusco près de laquelle se situe le célèbre site du Machu Picchu qui reste à ce moment à 5 cols de là, à une distance d'environ 500 kilomètres.
Mon arrivé à Cusco coincide avec les fêtes en l'honneur du solstice d'hiver, événement qui marquait le nouvel an chez les incas peuplant la région à l'époque. La saison sèche, qui a d'après les dires des habitants un bon mois de retard paraît enfin se stabiliser et se caractérise par des journées ensoleillées et aux températures agréables mais qui chutent très rapidement une fois le crépuscule venu. Après un repos de quelques jours et avoir fait l'impasse sur le Machu Picchu (prix d'environ 150 sols soit 38 euros représentant pour moi une bonne semaine de voyage), je continue ma route sur la 3S qui fait route en direction du lac Titicaca et de son altiplano bolivien. Les nuits sont désormais glaciales et mon eau gèle même durant la nuit. Je retrouverai également du gel sur la toile de tente extérieure quotidiennement à partir de maintenant.
Cusco se situe à une altitude approximative de 3500 mètres. Faisant route vers l'est à présent, une ultime ascension menant à Abra la Raya avec son sommet à environ 4300 mètres me sépare de la pampa péruvienne perchée sur l'altiplano; une grande plaine sans arbres qui s'étend sur environ 1500 kilomètres de long, du Pérou jusque le Chili et l'Argentine.
Cusco se situe à une altitude approximative de 3500 mètres. Faisant route vers l'est à présent, une ultime ascension menant à Abra la Raya avec son sommet à environ 4300 mètres me sépare de la pampa péruvienne perchée sur l'altiplano; une grande plaine sans arbres qui s'étend sur environ 1500 kilomètres de long, du Pérou jusque le Chili et l'Argentine.
Mercredi 20 mai. J'aperçois enfin le lac Titicaca au loin à l'horizon. Quelques arbres refont leur apparition et les températures sont un peu plus clémentes malgré l'altitude. Deux postes frontières permettent de passer en Bolivie: celui de Copacabana (le plus emprunté et le plus touristique aussi) et celui de Desaguadero, qui retient mon attention car il permet de contourner facilement La Paz. Deux jours seront nécessaires pour rejoindre la Bolivie tout en longeant le lac après quoi s'en suivra, ayant un vent favorable cette fois, de grandes étapes très roulantes à travers la steppe bolivienne. Dans cette partie du globe, on cultive exclusivement de la pomme de terre et c'est la pleine récolte au moment de mon passage. Ayant repris un cap plein sud, le paysage évolue au fil des jours et le désert s'annonce petit à petit.
Après seulement 7 jours passés en Bolivie et plus de 800 kilomètres parcouru, la frontière chilienne n'est plus très loin désormais. Les cimes enneigés, visibles au loin annoncent la sortie de l'altiplano et le retour de la haute montagne. Le poste frontière d'Ollagüe, situé derrière 2 cols à 4300 mètres à passer à travers une longue piste de plus de 100 kilomètres, est la dernière grosse difficulté avant de se retrouver dans le désert d'Atacama. La difficulté de ce passage, c'est qu'au sortir du petit village d'Alota (dernier ravitaillement possible du côté bolivien et qui se situe encore à 70 kilomètres d'Ollagüe), il n'y a rien avant la ville de Calama située à 200 kilomètres plus au sud une fois la frontière passée. Seul l'immigration et les douanes sont présents à Ollagüe, ce qui représente tout de même un ravitaillement en eau mais pour la nourriture, il n'y a pas d'autres choix que se charger. Heureusement que j'ai croisé ce cycliste polonais avant d'atteindre Alota et qui m'a tout expliqué sur cette frontière! Grâce à lui, je sais au moins à quoi m'attendre et peux me préparer convenablement.
La ville de Calama se situe selon ses dires à une altitude de 2000 mètres environ, et je prévois donc une grosse étape de baroudeur une fois entré au Chili en escomptant sur une longue descente et un vent favorable pour rallier rapidement cette ville tout en évitant de trop me charger; ce qui constituerait une gêne pour passer les 2 cols à travers la piste qui n'est pas en bon état d'après lui… Je mettrai 3 jours et demi pour parcourir les 270 kilomètres séparant Alota de Calama. En chemin, les paysages sont époustouflants et parviennent même à me faire oublier l'exigence physique de cette partie du parcours.
La ville de Calama se situe selon ses dires à une altitude de 2000 mètres environ, et je prévois donc une grosse étape de baroudeur une fois entré au Chili en escomptant sur une longue descente et un vent favorable pour rallier rapidement cette ville tout en évitant de trop me charger; ce qui constituerait une gêne pour passer les 2 cols à travers la piste qui n'est pas en bon état d'après lui… Je mettrai 3 jours et demi pour parcourir les 270 kilomètres séparant Alota de Calama. En chemin, les paysages sont époustouflants et parviennent même à me faire oublier l'exigence physique de cette partie du parcours.
Ainsi me voilà au Chili et son fameux désert d'Atacama, haut lieu de l'observation astronomique et deuxième désert sur mon chemin après celui du Sahara traversé durant l'hiver 2011. À la différence de ce dernier, c'est un désert que je qualifierais de "facile" à traverser car il y présente de nombreuses possibilités en ravitaillement par l'intermédiaire des posadas disséminées un peu partout tout le long du parcours. Les routes sont en excellents état, sans doute à cause des nombreuses mines de cuivre réparties sur l'ensemble de son territoire. Le trafic y est assez important: il est essentiellement constitué de camions transportant de grosses machines minières ou de l'acide sulfurique nécessaire au raffinement du minerai brut qui est malheureusement traité directement sur place… (J'ose à peine imaginer la catastrophe écologique que cela représente). Je mettrai au total 13 jours pour traverser ce désert, avec un peu plus de 1300 kilomètres au compteur. L'expérience fut incroyable, notamment grâce aux chiliens, leur grande générosité et de nombreux moments de partage ainsi qu'à des bivouacs de rêve à contempler le ciel nocturne et sa voie lactée pendant des heures.
La deuxième grande ville une fois passé Calama s'appelle Antofagasta. Elle est un point de ravitaillement obligé mais la panaméricaine (la 5N) ne passe pas directement par la ville et force à un détour de plusieurs dizaines de kilomètres. Une prison et trois petites cabanes en bois devant l'entrée bordent tout de même la route un peu après la bifurcation et je décide de profiter de l'occasion pour me renseigner sur le commerce le plus proche. La Señora Claudia occupe la première cabane et au fur et à mesure de la conversation elle m'invite à rentrer et à m'attabler afin de prendre le déjeuner. Je passerai deux bonnes heures en sa compagnie et je repartirai en ayant fait mes courses chez elle! Pain, sucre, café, chocolat, lait en poudre, fruits, le plein d'eau et quelques sucreries également: la quantité est impressionnante et le tout est offert par la maison.
Non loin d'Antofagasta sur la panaméricaine, une dizaine de kilomètres après avoir quitté Claudia, se trouve l'horrible zone industrielle de La Negra où j'établis mon campement derrière une station service afin de pouvoir boire à ma guise et cuisiner; ce qui me permettra aussi de refaire le plein d'eau avant de partir le lendemain matin. J'y croise un convoi de 4 camions transportant un énorme véhicule minier en pièce détachée qu'ils doivent transporter jusqu'à Santiago, la capitale du pays. Ce convoi exceptionnel (la remorque seulement pèse plusieurs tonnes et mesure 10 mètres de large pour plusieurs mètres de haut) ne peut progresser sans escortes policières des carabineros et de ce fait ils progressent à une vitesse plus ou moins similaire à la mienne: nous nous dépasserons ainsi à tour de rôle 5 fois en 3 jours avec à chaque fois une bonne discussion et une invitation à partager leur repas.
Samedi 7 juillet au petit matin. Après 500 mètres parcourus, je retombe sur mes camionneurs une nouvelle fois et comme le veut désormais la tradition, nous partageons le petit déjeuner. Au cours de la conversation, ils m'invitèrent cependant cette fois-ci à passer le week end en leur compagnie dans le petit village de pêcheur de Puerto Flamenco si l'envie m'en dit puisqu'ils ne pensent pas rouler demain. C'est sans aucune hésitation que j'acceptai l'aimable invitation et après avoir chargé le vélo et être monté dans une cabine en compagnie de Luis, nous ne tardons pas à nous mettre en route une fois "la poli" arrivée…
Ces chauffeurs gagnent très bien puisque leur salaire est d'environ 1500 euros par mois. Ils peuvent également prétendre doubler ce montant s'ils économisent l'argent offert par l'entreprise afin de manger et de se loger (ce qui est presque toujours le cas). Cependant, ils partent pour de nombreuses semaines voir plusieurs mois parfois et j'imagine que la vie familiale est assez compliquée. Beaucoup le font pour payer les études supérieures de leurs enfants ainsi que leur maison après quoi ils démissionnent et se mettent en recherche d'un travail plus tranquille.
Lundi 9 Juillet. Après une fin de semaine riche en partage et assez festif, je me remets en route. Copiaco, Vallenar, La Serena… les longues étapes s'enchaînent avec facilité et au 12 juillet, la verdure et les troupeaux de moutons refont petit à petit leur apparition. Les nuits continuent d'être glaciales mais en contrepartie les journées sont ensoleillées et il ne pleut pas une goutte.
Le Chili a une population totale de 17 millions d'habitants parmi lesquels presque la moitié vivent à la capitale. Avec le désert d'Atacama au nord et la Patagonie au sud, seul le centre du pays est facile à traverser avec de nombreuses villes et quantité de villages disséminés un peu partout. Pour le reste, les possibilités de ravitaillement restent limiter et contraignent à rouler dur afin de ne trop se charger.
La deuxième grande ville une fois passé Calama s'appelle Antofagasta. Elle est un point de ravitaillement obligé mais la panaméricaine (la 5N) ne passe pas directement par la ville et force à un détour de plusieurs dizaines de kilomètres. Une prison et trois petites cabanes en bois devant l'entrée bordent tout de même la route un peu après la bifurcation et je décide de profiter de l'occasion pour me renseigner sur le commerce le plus proche. La Señora Claudia occupe la première cabane et au fur et à mesure de la conversation elle m'invite à rentrer et à m'attabler afin de prendre le déjeuner. Je passerai deux bonnes heures en sa compagnie et je repartirai en ayant fait mes courses chez elle! Pain, sucre, café, chocolat, lait en poudre, fruits, le plein d'eau et quelques sucreries également: la quantité est impressionnante et le tout est offert par la maison.
Non loin d'Antofagasta sur la panaméricaine, une dizaine de kilomètres après avoir quitté Claudia, se trouve l'horrible zone industrielle de La Negra où j'établis mon campement derrière une station service afin de pouvoir boire à ma guise et cuisiner; ce qui me permettra aussi de refaire le plein d'eau avant de partir le lendemain matin. J'y croise un convoi de 4 camions transportant un énorme véhicule minier en pièce détachée qu'ils doivent transporter jusqu'à Santiago, la capitale du pays. Ce convoi exceptionnel (la remorque seulement pèse plusieurs tonnes et mesure 10 mètres de large pour plusieurs mètres de haut) ne peut progresser sans escortes policières des carabineros et de ce fait ils progressent à une vitesse plus ou moins similaire à la mienne: nous nous dépasserons ainsi à tour de rôle 5 fois en 3 jours avec à chaque fois une bonne discussion et une invitation à partager leur repas.
Samedi 7 juillet au petit matin. Après 500 mètres parcourus, je retombe sur mes camionneurs une nouvelle fois et comme le veut désormais la tradition, nous partageons le petit déjeuner. Au cours de la conversation, ils m'invitèrent cependant cette fois-ci à passer le week end en leur compagnie dans le petit village de pêcheur de Puerto Flamenco si l'envie m'en dit puisqu'ils ne pensent pas rouler demain. C'est sans aucune hésitation que j'acceptai l'aimable invitation et après avoir chargé le vélo et être monté dans une cabine en compagnie de Luis, nous ne tardons pas à nous mettre en route une fois "la poli" arrivée…
Ces chauffeurs gagnent très bien puisque leur salaire est d'environ 1500 euros par mois. Ils peuvent également prétendre doubler ce montant s'ils économisent l'argent offert par l'entreprise afin de manger et de se loger (ce qui est presque toujours le cas). Cependant, ils partent pour de nombreuses semaines voir plusieurs mois parfois et j'imagine que la vie familiale est assez compliquée. Beaucoup le font pour payer les études supérieures de leurs enfants ainsi que leur maison après quoi ils démissionnent et se mettent en recherche d'un travail plus tranquille.
Lundi 9 Juillet. Après une fin de semaine riche en partage et assez festif, je me remets en route. Copiaco, Vallenar, La Serena… les longues étapes s'enchaînent avec facilité et au 12 juillet, la verdure et les troupeaux de moutons refont petit à petit leur apparition. Les nuits continuent d'être glaciales mais en contrepartie les journées sont ensoleillées et il ne pleut pas une goutte.
Le Chili a une population totale de 17 millions d'habitants parmi lesquels presque la moitié vivent à la capitale. Avec le désert d'Atacama au nord et la Patagonie au sud, seul le centre du pays est facile à traverser avec de nombreuses villes et quantité de villages disséminés un peu partout. Pour le reste, les possibilités de ravitaillement restent limiter et contraignent à rouler dur afin de ne trop se charger.
Los Vilos fait parti de ces points stratégiques où il est facile de trouver de tout. Il s'agit d'une petite ville située sur la côte à environ 220 kilomètres au nord ouest de Santiago. Je pensais simplement y faire halte le temps du déjeuner et de faire quelques courses mais alors que j'arpentais la rue principale en quête d'un supermarché, une jeune femme me salue cordialement comme si on se connaissait depuis longtemps et s'excuse même assez rapidement de ne pouvoir me recevoir chez elle car il y a un pont ce week end et elle héberge déjà une tante et ses cousins…Un peu surpris par cette entrée en matière mais séduit par sa bienveillance, je me laisse guider et après quelques coups de fil et seulement une demie heure passée, je me retrouve sans comprendre comment chez les pompiers avec un lit, douche, machine à laver, cuisine toute équipée, billard et surtout de nombreux nouveaux amis avec lesquels converser. Je me sens bien ici, d'autant plus que les pompiers bénévoles m'invitent à rester aussi longtemps que je le souhaite. J'en profite pour assister aux festivités de la San Pedro, nettoyer à fond mon vélo, faire plus ample connaissance avec Fernanda, la jeune femme à qui je dois tout ceci. Elle et son frère aîné Alfonso ont déjà effectué quelques voyages de cyclotouristes en Équateur et en Colombie. À chaque fois qu'un cycliste passe par Los Vilos, c'est plus fort qu'eux et ils se font un devoir de les aider et de les inviter. Je passerai 3 jours dans cette ville à me reposer de ma traversée du désert.
Mardi 17 juillet. Je me remets en route une nouvelle fois en direction de Valparaiso dans le but de contourner Santiago et son trafic afin de me rendre aux alentours de San Fernando où Éric Gehin, originaire lui aussi de Cornimont, a élu domicile et m'a très généreusement invité à passer lui rendre visite. Les paysages ont changé petit à petit et j'évolue désormais parmi les vignes et de petites oliveraies. Voilà maintenant 10 jours que je vis avec sa belle famille qui m'a très facilement adopté et que je goûte une nouvelle fois un repos bien mérité. Le Chili est vraiment un pays extraordinaire et l'hospitalité incroyable de ses habitants m'a conquis. Malgré l'hiver et un pays difficile à traverser "sur le papier", tout est facile ici! Je me trouve à présent à environ 2000 kilomètres de la Patagonie, qui se rapproche petit à petit. On m'a déjà averti qu'il pleut beaucoup au sud et que la fin du continent est réputée pour la force de ses vents. Les températures vont continuer à baisser à mesure de ma descente mais après autant de repos et de facilité, j'ai quand même envie de continuer à faire route au sud. Si les conditions se détériorent, il sera toujours possible d'aller faire un tour en Argentine afin d'attendre que l'hiver passe et planifier une arrivée à Punta Arena pour septembre, soit à l'approche du printemps.
Souvent, les gens demandent où je me rends et m'invitent à la prudence; le voisin ayant toujours d'après les dires de mauvaises intentions…Cette peur du voisin et ces mises en garde sont systématiques et je les ai retrouvées partout dans le monde. À les écouter, le monde est un endroit dangereux et voyager seul, sans téléphone portable de surcroît, constitue pour certains une folie et nécessite beaucoup de courage et de prudence. Partout, on me parle d'insécurité, de vols, disparitions, meurtres…alors que je constate exactement l'inverse, si bien qu'il m'est impossible de rester silencieux face à de telles remarques désormais. La compassion, l'amour, la solidarité, l'hospitalité aussi correspondent beaucoup plus à la réalité. Une personne possédant les qualités citées auparavant est "une personne sans histoires" et ne fera pas beaucoup parler d'elle alors que les autres, qui représentent pourtant une infime proportion de la population mondiale, on en entend parler tout le temps. Pour les sédentaires qui lisent les journaux et regardent la télévision, il est donc normal de penser que le monde est ainsi. C'est encore plus vrai ici en Amérique latine où les journaux télévisés ne sont qu'une succession des hauts faits et arrestations que la police a accompli avec succès durant la journée. Alors, est-ce un miracle si en deux ans et demi de voyage en solitaire personne n'a jamais tenté de me voler? Est-ce un miracle d'avoir survécu à la traversée du Mexique, de la Mauritanie, du Honduras ou autres zones à la réputation dangereuse? je ne pense pas. Certes je suis tout de même prudent mais je n'hésite pas à accorder ma confiance à mon prochain après une petite discussion de deux ou cinq minutes seulement.
Les gens sont donc également surpris quand ils apprennent que je ne possède pas de téléphone portable… Même dans des zones reculées ou dites pauvres, tout le monde en possède un de nos jours, si ce n'est deux ou un pour plusieurs! les enfants aussi ont le leur, pourquoi pas moi? Mon premier téléphone, je l'ai acheté fin 2011 en m'installant au Mexique un peu malgré moi puisque sans portable l'école émettait encore quelques réticences à m'embaucher. Et puis je n'ai jamais ressenti le besoin ni l'utilité d'en posséder un ayant toujours préféré établir un dialogue, rendre visite sans prévenir ou encore demander des informations aux passants plutôt que d'acquérir cet appareil chronophage. Soit disant qu'il connecte les gens… Je pense plutôt que c'est exactement le phénomène inverse qui s'est produit… Dans les villes ou à la campagne, il est même devenu fréquent de croiser des personnes marchant les yeux rivés sur leur écran plutôt que de faire attention où ils marchent! Parfois, je croise aussi des gens qui perdent en un instant le fil d'une conversation parce que leur téléphone se met à sonner ou à vibrer, requérant en un instant toute leur attention…un grand moment de solitude pour l'autre parlant dans le vide… Nous avons beaucoup perdu en chaleur humaine depuis leur apparition je pense. On envoie des messages alors que l'interlocuteur habite la maison d'à côté ou se trouve dans la même pièce, on utilise le GPS pour ne pas se perdre au lieu de demander aux gens son chemin sont autant d'occasions perdues au niveau relationnel. C'est donc sans hésitation que je m'en suis débarrassé avant de reprendre la route. Je ne suis pas anti-technologie: la preuve puisque je tiens tout de même ce journal de voyage sur un support numérique cependant, il convient de l'utiliser avec parcimonie et sagesse. Sur ce chers lecteurs, je vous laisse méditer sur ces deux dernières petites pensées et vous dis à bientôt.
Souvent, les gens demandent où je me rends et m'invitent à la prudence; le voisin ayant toujours d'après les dires de mauvaises intentions…Cette peur du voisin et ces mises en garde sont systématiques et je les ai retrouvées partout dans le monde. À les écouter, le monde est un endroit dangereux et voyager seul, sans téléphone portable de surcroît, constitue pour certains une folie et nécessite beaucoup de courage et de prudence. Partout, on me parle d'insécurité, de vols, disparitions, meurtres…alors que je constate exactement l'inverse, si bien qu'il m'est impossible de rester silencieux face à de telles remarques désormais. La compassion, l'amour, la solidarité, l'hospitalité aussi correspondent beaucoup plus à la réalité. Une personne possédant les qualités citées auparavant est "une personne sans histoires" et ne fera pas beaucoup parler d'elle alors que les autres, qui représentent pourtant une infime proportion de la population mondiale, on en entend parler tout le temps. Pour les sédentaires qui lisent les journaux et regardent la télévision, il est donc normal de penser que le monde est ainsi. C'est encore plus vrai ici en Amérique latine où les journaux télévisés ne sont qu'une succession des hauts faits et arrestations que la police a accompli avec succès durant la journée. Alors, est-ce un miracle si en deux ans et demi de voyage en solitaire personne n'a jamais tenté de me voler? Est-ce un miracle d'avoir survécu à la traversée du Mexique, de la Mauritanie, du Honduras ou autres zones à la réputation dangereuse? je ne pense pas. Certes je suis tout de même prudent mais je n'hésite pas à accorder ma confiance à mon prochain après une petite discussion de deux ou cinq minutes seulement.
Les gens sont donc également surpris quand ils apprennent que je ne possède pas de téléphone portable… Même dans des zones reculées ou dites pauvres, tout le monde en possède un de nos jours, si ce n'est deux ou un pour plusieurs! les enfants aussi ont le leur, pourquoi pas moi? Mon premier téléphone, je l'ai acheté fin 2011 en m'installant au Mexique un peu malgré moi puisque sans portable l'école émettait encore quelques réticences à m'embaucher. Et puis je n'ai jamais ressenti le besoin ni l'utilité d'en posséder un ayant toujours préféré établir un dialogue, rendre visite sans prévenir ou encore demander des informations aux passants plutôt que d'acquérir cet appareil chronophage. Soit disant qu'il connecte les gens… Je pense plutôt que c'est exactement le phénomène inverse qui s'est produit… Dans les villes ou à la campagne, il est même devenu fréquent de croiser des personnes marchant les yeux rivés sur leur écran plutôt que de faire attention où ils marchent! Parfois, je croise aussi des gens qui perdent en un instant le fil d'une conversation parce que leur téléphone se met à sonner ou à vibrer, requérant en un instant toute leur attention…un grand moment de solitude pour l'autre parlant dans le vide… Nous avons beaucoup perdu en chaleur humaine depuis leur apparition je pense. On envoie des messages alors que l'interlocuteur habite la maison d'à côté ou se trouve dans la même pièce, on utilise le GPS pour ne pas se perdre au lieu de demander aux gens son chemin sont autant d'occasions perdues au niveau relationnel. C'est donc sans hésitation que je m'en suis débarrassé avant de reprendre la route. Je ne suis pas anti-technologie: la preuve puisque je tiens tout de même ce journal de voyage sur un support numérique cependant, il convient de l'utiliser avec parcimonie et sagesse. Sur ce chers lecteurs, je vous laisse méditer sur ces deux dernières petites pensées et vous dis à bientôt.
Quelques chiffres :
- À ce jour j'ai parcouru au total 1107 km en Équateur en 14,5 jours et 11,5 étapes, soit une moyenne de 96,2 km par étape.
- J'ai également parcouru 3398 km au Pérou en 41,5 jours et 36,5 étapes, soit une moyenne de 93,1 km par étape.
- J'ai également parcouru 861 km en Bolivie en 7,5 jours et 7,5 étapes, soit une moyenne de 114,8 km par étape.
- J'ai également parcouru 2073 km au Chili en 31,5 jours et 18,5 étapes, soit une moyenne de 112,1 km par étape.
- Le compteur total s'élève à environ 52.011 km, en 953 jours et 593 étapes, soit une moyenne de 87,7 km par étape.
- 226 cols franchis au total.
- 7805 euros dépensés à ce jour tout compris (transits en voilier ou avion, visas, hébergement, pièces pour le vélo, nourriture…), soit une moyenne d'environ 8,19 euros par jour.
- À ce jour j'ai parcouru au total 1107 km en Équateur en 14,5 jours et 11,5 étapes, soit une moyenne de 96,2 km par étape.
- J'ai également parcouru 3398 km au Pérou en 41,5 jours et 36,5 étapes, soit une moyenne de 93,1 km par étape.
- J'ai également parcouru 861 km en Bolivie en 7,5 jours et 7,5 étapes, soit une moyenne de 114,8 km par étape.
- J'ai également parcouru 2073 km au Chili en 31,5 jours et 18,5 étapes, soit une moyenne de 112,1 km par étape.
- Le compteur total s'élève à environ 52.011 km, en 953 jours et 593 étapes, soit une moyenne de 87,7 km par étape.
- 226 cols franchis au total.
- 7805 euros dépensés à ce jour tout compris (transits en voilier ou avion, visas, hébergement, pièces pour le vélo, nourriture…), soit une moyenne d'environ 8,19 euros par jour.